L'apport de King Hu à un genre jusque là très codifié Au moment de faire L'HIRONDELLE D'OR, j'ai réfléchi à la forme à donner aux mouvements. Je ne voulais pas utiliser les vrais arts martiaux, ce qu'on appelle le vrai kung-fu. J'en avais vu des compétitions, je ne trouvais pas ça très beau, et en plus je n'y comprenais rien, je n'y comprends toujours rien aujourd'hui d'ailleurs [en 1984]. Mais quand j'étais enfant, j'avais vu de l'Opéra de Pékin en grande quantité, j'ai décidé que ce serait bien de se servir de lui. J'ai pensé à Han Yingjie qui était un ancien élève de la célèbre école de l'Opéra de Pékin, Fuliancheng, que je connaissais déjà. Je lui ai expliqué ce que je voulais, le type de situation, de combat, de mouvement souhaité, et lui me disait ce qui était réalisable et tout ce qui ne l'était pas. Seuls les acteurs d'Opéra de Pékin connaissent toute la technique, tous les codes, comme le saut périlleux, le "taïman", etc. J'avais tant vu d'Opéras de Pékin dans ma jeunesse que je pouvais me repérer. En fonction de ce qu'il me disait, je pouvais modifier, corriger mes scènes. Je devais expliquer à Han Yingjie qu'au grand angle on pouvait donner l'impression d'une vitesse supérieure, que le télé-objectif changeait la vitesse du mouvement selon la nature de celui-ci, c'était difficile à comprendre pour Han, il n'a pas la cervelle très scientifique, alors je préparais la caméra et je le faisais regarder dans l'objectif, ce qui facilitait grandement la préparation de la séquence. Je monte toujours mes films moi-même. Pour les scènes de combat, je tourne beaucoup de matériel, en rapport ou non avec la continuité, pour pouvoir ensuite choisir. (Propos recueillis par Olivier Assayas et Charles Tesson avec la collaboration de Marco Müller, Pesaro, le 19 juin 1983. Traduit du mandarin par Marie-Pierre Müller, mise en forme C.T, Cahiers du Cinéma hors série "Hong-Kong Cinéma").