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Le Jardin des Finzi Contini

Vendredi 26 octobre 2007 - 20h30 - Mercury
Publié le vendredi 26 octobre 2007.


Italie-RFA - 1970 - 1h34 - version originale sous-titrée Réalisation : Vittorio De Sica Scénario : Vittorio Bonicelli, Ugo Pirro (non crédités : Cesare Zavattini, Valerio Zurlini, Vittorio De Sica), d’après le roman de Giorgio Bassani Photo : Ennio Guarnieri Montage : Adriana Novelli Musique : Manuel De Sica et Bill Conti Décors : Roberto Garnieri Avec : Dominique Sanda (Micol), Lino Capilocchio (Giorgio), Fabio Testi (Bruno), Helmut Berger (Alberto), Romolo Valli (le père de Giorgio) Ours d’Or au Festival de Venise 71, Oscar du meilleur film étranger 72

Italie, 1938. Ayant entrepris depuis peu de se convertir à l’antisémitisme, le régime fasciste multiplie les mesures vexatoires contre les Juifs italiens. Mais la famille Finzi-Contini, pilier de l’aristocratie de Ferrare depuis des générations, ne croit pas à l’imminence de la menace. Les deux enfants adultes, Micól et Alberto, aiment bien donner des parties et jouer au tennis dans l’immense parc qui entoure le palazzo familial. Comme les clubs sportifs viennent d’être interdits aux Juifs, des jeunes gens de milieux plus modestes sont désormais invités à jouer dans le jardin des Finzi-Contini.

Image Hosted by ImageShack.us Lino Capilocchio et Dominique Sanda

VITTORIO DE SICA (1901-1974)

Après une heureuse carrière d’acteur de théâtre, Vittorio De Sica débute au cinéma en 1931 en interprétant quelques-uns des meilleurs films de Camerini, celui que l’on a appelé "le Clair italien", puis il passe à la scène en 1940 en réalisant quatre œuvres d’un genre comico-sentimental (Rose scarlatte, Maddalena Zero in condotta, Teresa Venerdi, Un garibaldino al convento) avant de tourner en 1943 son premier film d’auteur, Les enfants nous regardent (I bambini ci guardano), touchant portrait d’un petit garçon qui découvre la double vie de sa propre mère. De 1946 à 1952, en collaboration avec l’inséparable Cesare Zavattini, le meilleur scénariste et théoricien du néo-réalisme, De Sica réalise quatre films mémorables sur la "solitude par indifférence" des adolescents et des pauvres gens.

Image Hosted by ImageShack.us Sciuscia

Sciuscià, qui date de 1946 (le néologisme dérive de l’anglais shoe-shine, "cireur de chaussures"), est l’histoire d’une amitié malheureuse entre deux petits cireurs qui rêvent d’avoir un cheval blanc. Compromis dans un vol et mis en prison, ils seront séparés pour toujours par la cynique cruauté des adultes qui détruira la solidarité et la capacité de rêve de ces deux adolescents. "Depuis dix ans, il n’y a rien de nouveau dans le monde, excepté Sciuscià", dira Orson Welles en 1948. Tous les cinéastes qui ont traité le thème de l’enfance se sont souvenus de ce film ainsi que des Bambini où l’on décelait déjà les qualités majeures du cinéaste : étude attentive de la réalité quotidienne, exclusion du romanesque et du dramatique, recherche scrupuleuse de l’authenticité, profonde intuition des sentiments humains. "Sa gentillesse napolitaine devient, par la vertu du cinéma, le plus vaste message d’amour que notre temps ait eu la bonne fortune d’écouter depuis Chaplin. J’ai parlé d’amour, j’aurais aussi bien pu dire de poésie", écrivait André Bazin. Certains parleront plus tard d’"élégie populiste". Si l’on enlève à l’expression son sens péjoratif, c’est une définition qui peut servir à qualifier le réalisme poétique d’œuvres comme Le Voleur de bicyclette (1948), Miracle à Milan (1950), Umberto D (1951).

Image Hosted by ImageShack.us Le Voleur de bicyclette

Le Voleur de bicyclette, l’œuvre la plus parfaite du binôme De Sica-Zavattini, fait le portrait impitoyable d’une société sans amour à travers l’amère parabole d’un pauvre colleur d’affiches à qui l’on a volé l’instrument indispensable de son travail, la bicyclette, qu’il va chercher en vain dans tout Rome, en compagnie de son fils. La caractérisation des rapports entre père et fils est excellente, de même que la description des atmosphères inédites de la Rome prolétaire. L’utilisation des acteurs non professionnels est exemplaire.

Image Hosted by ImageShack.us Miracle à Milan

Miracle à Milan traite aussi ce thème de l’indifférence et de l’égoïsme de la société sous forme d’une fable burlesque, et raconte la lutte pathétique d’un groupe de miséreux contre un riche capitaliste qui vient les déloger de leur bidonville. Est-ce sa portée politique qui a valu à cette œuvre de déchaîner les foudres de la censure ?

Image Hosted by ImageShack.us Umberto D

Umberto D (1952), surtout, déchirante "histoire sans histoire" d’un petit retraité (Umberto Domenico Ferrari) réduit à la mendicité pour payer son toit et poussé à tenter de se suicider, est le film le plus moderne et le plus inquiétant de De Sica en même temps que le chant du cygne du néo-réalisme. La tragédie sociale du Voleur de bicyclette s’élève ici à l’universalité de la tragédie existentielle. Avec ce film maudit, que des cinéastes comme Bergman, Kurosawa, Resnais, entre autres, continuent à classer parmi les plus grands de l’histoire du cinéma, De Sica portait le néo-réalisme à la rigueur et au dépouillement les plus extrêmes. L’insuccès de ce film obligea De Sica à transiger avec les producteurs.

Des œuvres comme Station Terminus (1952), L’Or de Naples (1954), Le Toit (1956), La Ciociara (1960) , Le Jugement dernier (1961) et Les Séquestrés d’Altona (1962) n’ont plus, malgré certains moments très réussis, la force poétique des œuvres précédentes.

Après une série de comédies à l’italienne : Hier, aujourd’hui, demain (1963), Mariage à l’italienne (1964), Caccia alla volpe et Un monde nouveau (1966), Sette Volte donna (1967), I Girasoli e Amanti (1968), où ce grand directeur d’acteurs met son talent au service de brillants comédiens, De Sica a réalisé des films intéressants dans ses dernières années : Le Jardin des Finzi Contini (1970), La Vacanza (1973), Il Viaggio (1974).

Image Hosted by ImageShack.us Le Jardin des Finzi-Contini

La critique a minimisé l’œuvre de De Sica depuis 1951, comme si la fin du néo-réalisme avait coïncidé avec celle du cinéaste. Mais on peut espérer que le "cinéma des sentiments" de cet artiste intuitif sera réévalué comme il le mérite.


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Le film sera précédé d’une présentation et suivi d’un débat avec le public.

Présentation et Animation : Philippe Serve


Affiche du film - Cliquer pour agrandir © Ad Vitam