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Andaaz

Dimanche 24 septembre à 10h30 et 14h30
Publié le dimanche 24 septembre 2006.


de Mehboob Khan

1949, NB, Vo-stf 148 mn

avec Nargis, Dilip Kumar, Raj Kappoor

Récit de l’entrée de l’Inde indépendante dans la modernité à travers le portrait d’une femme qui conduit son couple et sa famille à sa perte pour avoir voulu vivre une relation d’amitié avec un homme.

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Lorsque Mebhoob Khan tourne ANDAZ (rarement utilisé sous son titre français, Beau Monde), il a 43 ans et il s’agit de son vingtième film. Après cinq premières oeuvres à succès entre 1935 et 1938 sous une certaine influence du réalisateur américain Cecil B. DeMille et dans lesquelles son talent apparaît déjà évident, c’est à partir de Ek Hi Raasta (1939) que Khan trouve vraiment sa voie et sa personnalité : celle d’un cinéma trempé dans les réalités sociales de son pays. Son film suivant, Aurat (1940), première version du futur Mother India, est déjà un chef d’œuvre, une sorte de néo-réalisme à la sauce Bollywood. Mebhoob Khan, d’origine très modeste et peu éduqué, s’est converti au socialisme et ses films reflètent désormais son nouvel engagement. Suivent Bahen (1941) et surtout Roti (1942), sorte de fable politique anti-capitaliste assez violente. Après avoir fondé sa propre maison de production, il tourne Anmol Ghadi (1946) puis Andaz. Il s’attaque dans ce film à la nocivité d’une occidentalisation de la société indienne au lendemain de l’indépendance de son pays, tout en s’interrogeant sur les rapports hommes-femmes, remettant par là en question le statut traditionnel et quasi-tabou de la femme indienne. Malgré son évidente ambiguïté (où se situe exactement Mebhoob Khan par rapport au discours de ses personnages ?), le film garde une grande modernité et une évidente puissance. Alternant scènes de comédie et pur drame, trame romanesque et moments de farce sans oublier les incontournables chansons (10 au total), cette histoire de triangle amoureux fait néanmoins preuve d’une sobriété certaine. Mais la caractéristique la plus évidente de Andaz, celle qui maintient ce film dans la mémoire collective et populaire du pays, est bien d’avoir réuni ceux qui allaient devenir les trois véritables divinités de l’écran indien : Nargis, Raj Kapoor et Dilip Kumar.

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Andaz fut le véhicule par lequel Nargis (20 ans seulement) devint une star adulée du jour au lendemain. Elle révolutionna le jeu traditionnel de l’actrice indienne, rejetant les effets appuyés. Naturelle, authentique et d’une incroyable aisance devant la caméra, elle savait conjuguer toutes ces qualités à une formidable sensibilité, son beau visage s’exprimant toujours avec beaucoup de nuances. Face à elle, deux autres dieux du panthéon cinématographique indien. D’abord le toujours discret et séducteur Dilip Kumar, futur et immortel interprète du Devdas signé Bimal Roy (1955) ou star de l’incontournable Grand Moghol (1960). Nous le retrouverons le 8 octobre en vedette masculine d’un autre film de Mebhoob Khan, Aan. Son jeu tout en retenue s’oppose ici magnifiquement à celui, extraverti, de l’immense Raj Kapoor. Ce dernier, tout à la fois acteur et réalisateur (on lui doit notamment deux chefs-d’oeuvre, Awaara et Sangam), vole presque toutes les scènes où il apparaît, faisant notamment preuve d’une énergie redoutable dans les scènes de comédie. Avant de revenir vers son mentor Mebhoob Khan pour ce qui reste sa plus grande performance d’actrice dans Mother India (au Musée le 15 octobre), Nargis réservera la quasi-exclusivité de ses prestations à son partenaire Raj Kapoor qui la dirigera pendant six ans avec des yeux pleins d’amour. Car les deux vivront hors écran une passion aussi puissante que dans leurs films et malgré le fait que Kapoor soit marié.

Il serait bien sûr incomplet de ne pas citer parmi les raisons fondamentales du succès de Andaz la performance vocale de l’inimitable Lata Mangeshkar. Elle aussi âgée de 20 ans à l’époque, elle doublait ici pour la première fois Nargis pour les parties chantées, comme le voulait la tradition bollywoodienne. Si Nargis provoqua une véritable rupture dans le jeu traditionnel des actrices indiennes, que dire de Lata Mangeshkar dans son domaine ? Celle dont l’incroyable carrière (956 films, 40 000 solos ou duos !) se poursuit à 77 ans, est considérée comme la plus grande chanteuse de toute l’histoire de Bollywood. Cinq films tournés en 1948-49 et dont Andaz fut le cinquième, lancèrent sa carrière, toutes les chansons qu’elle y interprétait devenant aussitôt d’immenses succès populaires, comme on en avait encore jamais connu en Inde. Son talent et sa popularité (parler de dévotion de la part du public serait plus juste) n’allaient que croître pendant les trois décennies suivantes. Nous retrouverons la voix du rossignol de Bollywood dans d’autres films du Festival : Aan, Pakeezah et, bien sûr, Mother India où elle doublait à nouveau Nargis.

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Philippe Serve

Toutes les séances auront lieu au Musée, 405 promenade des Anglais - Arénas - 06200 Nice.

Les séances de 14h30 seront présentées par Philippe Serve (Cinéma sans Frontières).

Le nombre de places étant limité, il est conseillé de réserver directement au Musée (voir coordonnées ci-dessous).

Renseignements : Musée (04 92 29 37 00) / CSF (04 93 52 31 29 - 06 64 88 58 15)