Accueil du site - Séances-débats

Vera Drake

Vendredi 18 mars - 20h45 - Cinéma Mercury
Publié le vendredi 18 mars 2005.


de Mike Leigh (drame, britanique, 2004, 2h05)

Avec Imelda Staunton, Richard Graham, Eddie Marsan

Lion d’Or et Prix d’interprétation à Venise

Vera Drake est une mère de famille exemplaire et totalement dévouée à son entourage. Pourtant, derrière son quotidien apparemment banal, Vera cache une activité secrète : elle aide certaines femmes à mettre fin à leur grossesse involontaire...

Compte-rendu du débat :

Le débat s’engage à propos du personnage de Vera qui a ému les premiers intervenants. La première partie du film nous montre une femme très occupée travailler et à aider les autres, prise dans une activité incessante de fourmie, et qui n’a pas le loisir de penser, en particulier au bien et au mal. Lorsqu’on lui présente des jeunes filles dans le besoin, il lui paraît naturel de les « aider » en les avortant. Aux yeux de certains, son personnage se situe donc « par-delà le bien et le mal ». Elle écoute son cœur, tout simplement. Pour d’autres, elles pense faire le bien. Elle détient « sa vérité », et c’est ce qui la rend touchante.

Le public a aussi été frappé par la peinture sociale de l’Angleterre des années 50, que nous offre Mike Leigh. Certains le trouvent un peu misérabiliste. Vera est victime d’une double oppression, comme femme et comme domestique. Son destin comme celui des jeunes filles qu’elle aide est le reflet de cette double injustice. La nourriture est encore rationnée en Grande-Bretagne, à cette époque, et les conditions de vie de la classe ouvrière sont particulièrement pénibles. Le film en rend compte, dans la tradition du « réalisme social anglais ». L’animateur oppose ensuite la structure linéaire de ce film à la structure chorale de son précédent opus, All or Nothing. Le film suit l’itinéraire de Vera Drake ; une femme dont on devine qu’elle a comme « anesthésié » son malheur, que sa fille porte pour elle. Les histoires secondaires (celle des deux fiancés, celle du frère et de sa femme, le personnage de l’amie d’enfance qui vit aux dépens de Vera en soutirant de l’argent aux jeunes filles qu’elle avorte) sont très réussies.

Une intervenante est frappée par une bande-son contrastée ; entre une musique religieuse somme toute gênante, et les accents très travaillés des personnages, si caractéristiques de la classe ouvrière britannique. L’animateur souligne la place importante laissée à l’improvisation dans la méthode de travail de Mike Leigh. Avant de tourner une scène il informe simplement chaque acteur de la situation de son personnage. De sorte que chacun ignore la suite du scénario et la réaction de ses partenaires, et est appelé à réagir naturellement. Cela qui donne au film ce réalisme si singulier.

On sait que Imelda Staunton a remporté de nombreux prix pour son interprétation, mais tous les acteurs sont également excellents. Ils sont tous rompus à la comédie, au théâtre en particulier. La tradition théâtrale anglaise est peut-être le secret de la qualité exceptionnelle des acteurs anglais, dans le cinéma contemporain !

Élise Domenach

Le film sera précédé d’une présentation et suivi d’un débat avec le public.

Animation : Philippe Serve


Affiche du film © Mars Distribution - Cliquer pour agrandir

Texte-programme - Texte-programme de présentation de la séance, plus critique de All or Nothing de Mike Leigh.