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14ème Festival annuel - Du 18 au 25 Mars 2016 - EXILS.

Publié le lundi 29 février 2016.


Programmation du 14ème Festival annuel 2016.

EXILS

Étranger, forcément étranger quelque part

Le thème et le titre du festival de cette année, « Exils » – au pluriel, ont surgi brusquement et se sont très vite imposés parmi une demie-douzaine d’autres sujets possibles. La douloureuse actualité qui nous parvient des quatre coins du monde depuis plusieurs années déjà n’y est pas pour rien, on s’en doute. Le cinéma, fenêtre sur le monde, miroir du monde tel qu’on le voit ou tel qu’on le rêve, s’est souvent emparé de ce sujet qui traverse l’histoire de l’humanité, laquelle a d’abord été – faut-il le rappeler – nomade dans sa survie même. L’homme est fondamentalement mouvement tout autant que le cinéma. Cela dit, en choisissant ce thème, il nous est aussi apparu très vite que la question était beaucoup plus vaste et plus riche que ce qui nous est donné à voir tous les jours sur nos écrans de télé et plus largement dans les media.

L’exil politique, l’exil contraint et forcé par la guerre, par la persécution, la misère ou les catastrophes naturelles, le bannissement, le déplacement, la migration sont les multiples facettes de cet exil physique et géographique qui fait d’emblée irruption dès qu’on évoque la question. Nous les aborderons bien sûr dans le festival, mais nous avons tenu à aller au-delà de cet aspect premier pour tenter d’explorer des terres moins connues. L’exil entraîne inévitablement dans son sillage la question de l’appartenance, Appartenance à un groupe, un territoire ou un milieu, et qui sait à plusieurs ? Et déjà émergent les notions de communautés et de frontières, d’identité et d’altérité. Questions fortement chargées qui sont souvent l’autre nom de la guerre. Nous touchons à la plaie qui n’en finit jamais de se refermer, la malédiction de la condition humaine à laquelle nous tentons d’opposer le droit, la civilisation ou la poésie...C’est le barrage contre le Pacifique. C’est Sisyphe. L’exil implique souvent aussi la marge, voire l’exclusion, miroir de l’appartenance. Il dit forcément l’entre-deux, le 1+1=3. Et déjà certains ont le tournis. Leur vision se brouille. Une telle complexité effraie. Et elle effraie d’autant plus qu’on l’a vu la charge émotionnelle est forte. Le premier réflexe, pour beaucoup est alors de simplifier, contre la réalité elle-même, éloignant de fait sa compréhension. Les exemples sont nombreux, aujourd’hui comme hier qui reconduisent à la guerre. L’exil, c’est encore par nécessité l’ici et l’ailleurs, aujourd’hui et hier, qui entraînent les tours et détours de la mémoire, sauvegardée, transmise, effritée, reconstituée, inventée. Le sentiment de la perte et aussi celui de la mue, douloureuse presque toujours nécessaire et souvent entravée, une conquête qui peut être une renaissance ou au contraire un épuisement, un dépérissement. Le kaléidoscope est infini. En outre, ne l’oublions pas, s’il est presque toujours imposé, l’exil peut aussi être quelquefois volontaire.

Et le cinéma dans tout ça ? Qu’est-ce que le cinéma a à nous dire de nous-mêmes face à ce questionnement protéiforme ? Le cinéma a d’abord la grande vertu, de par sa plasticité intrinsèque, de pouvoir se saisir et refléter toutes les situations, tous les points de vue, toutes les lignes de fuite, ce qui en soi permet, à coup sûr, de rendre compte de la complexité évoquée plus haut. Mais il nous faut immédiatement ajouter le critère qui sert de boussole à toute la programmation de CSF, à savoir l’écriture cinématographique elle-même et tenter de définir en même temps les angles d’exposition que nous voulions privilégier. Ainsi ont émergé peu à peu quelques variantes de l’exil qui nous ont semblé correspondre à notre désir d’une définition plurielle, capable de nous amener à réfléchir en dehors des sentiers battus.

Généralement, le festival annuel nous offre l’occasion de revenir sur la mémoire du cinéma, de faire découvrir ou redécouvrir de grands films qui ont marqué l’histoire du septième art et qu’on rarement la possibilité de voir sur grand écran. De fait, la proportion de films récents y est souvent assez réduite. Cette année, c’est l’inverse. Nous avons un chef d’oeuvre absolu avec Andreï Roublev pour évoquer l’exil de l’artiste dans son propre temps, face à une société incapable de le comprendre, et aussi un film culte pratiquement invisible depuis sa sortie en 1968, il s’agit du premier film de Werner Herzog Signes de vie, l’exil de 3 soldats allemands de la Wehrmacht, largués sur une île grecque, dans l’enfermement du bastion qu’ils sont censés défendre jusqu’à en perdre la raison. Pour le reste, ce sont des films des années 2000 qui seront les classiques de demain, je pense notamment à Inland de Tariq Teguia : l’exil, relégation au fin fond du désert (un thème qui résonne fortement dans l’histoire de l’Algérie contemporaine) et Nostalgie de la lumière de Patricio Guzmán qui nous offre une réflexion poétique sur l’insondable mystère de notre « arrivée / exil » sur la minuscule planète Terre. Exil et identité avec Andalucia de Alain Gomis, film funambule entre drôlerie et gravité sur un sujet oh combien difficile. Exil et mémoire, lorsque les traces ont été sciemment effacées, c’est L’image manquante de Rithy Panh, réalisateur rescapé, exilé depuis l’âge de 16 ans. L’amnésie comme exil ou l’impossible construction de soi « hors sol » (L’homme sans passé de Aki Kaurismaki), une autre façon d’aborder la centralité de la mémoire dans cette thématique.

Une nouveauté cette année avec la présentation de plusieurs courts et moyens-métrages inédits en salle, pour aborder des thèmes aussi complexes que les liens de l’exil à la folie (Les insensés, fragments pour un passage de Béatrice Kordon), l’exil dans son propre corps (Amours et métamorphoses de Yanira Yariv) et la question brûlante de l’actualité, exil et migration, représentée par Ahlem de Alessandra Pescetta, et deux courts de Sylvain George dont le travail ne pouvait manquer dans cette programmation. Enfin, nous avons tenu à sortir le 35 mm de l’exil où le tient reclus le numérique, avec trois films sur pellicule qui est la vraie matière du cinéma.

Josiane Scoleri

Présentation des films et animation des débats avec le public : Josiane Scoleri, Guillaume Levil, Martin de Kerimel, Bruno Precioso

Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à 20h30 précises.

N’oubliez pas la règle d’or de CSF aux débats :
La parole est à vous !

Entrée : 7,50 € (non adhérents), 5 € (adhérents CSF et toute personne bénéficiant d’une réduction au Mercury).

Adhésion : 20 €. Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, ainsi qu’à toutes les séances du Mercury (hors CSF) et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier.
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