Accueil du site - Séances-débats

Le Temps des Gitans (Dom Za Vesanje)

Vendredi 4 mars - 20h45 - Cinéma Mercury
Publié le vendredi 4 mars 2005.


d’Emir Kusturica (Drame, Yougoslavie, 1988, 2h22)

avec Davor Dujmovic, Bora Todorovic, Ljubica Adzovic

Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1989

La dramatique vie de Perhan, fils naturel d’un soldat et d’une Tzigane, qui rêve d’un avenir riche et heureux. Elevé par sa grand-mère qui l’adore, il est bientôt arraché à elle et part en Italie travailler pour un trafiquant d’enfants.

C’est en lisant un article traitant du trafic d’enfants orchestré par les gitans qu’Emir Kusturica eut l’idée de faire un film sur le sujet. D’abord désireux de réaliser un documentaire, il décida rapidement de voir plus haut avec un long-métrage. Bénéficiant d’un solide budget, il débuta un tournage qui allait s’étaler sur neuf mois à travers la quasi-totalité des républiques yougoslaves.

Le Temps des gitans marque la seconde collaboration d’Emir Kusturica et du jeune Davor Dujmovic, trois ans après Papa est en voyage d’affaires. Les deux hommes se retrouveront en 1995 pour Underground, dernier long-métrage de Davor Dujmovic qui se donnera la mort en Slovénie en 1999.

Ce film a reçu le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1989. Emir Kusturica revenait sur la Croisette quatre ans après avoir obtenu la Palme d’Or pour Papa est en voyage d’affaires. Il recevra à nouveau la récompense suprême en 1995 pour Underground.

Compte-rendu du débat :

Le débat s’engage sur l’image des mariés volants. L’animateur y voit un hommage à l’Atalante de Jean Vigo, alors qu’une spectatrice remarque que c’est une figure classique de l’Europe centrale, très présente dans la peinture de Chagall par exemple, une allégorie du bonheur. L’image est récurrente dans le cinéma de Kusturica (Underground). Elle voisine avec les images de la mythologie gitane (les oies, par exemple, qui auraient transporté les gitans d’Inde en Europe).

Le public souligne la façon dont le cinéaste conjugue les contraires dans ce film ; le burlesque et le tragique, la peine et l’allégresse, la souffrance et la légerté, comme pour peindre la face sombre et la face lumineuse de toute chose. C’est un cinéma du mouvement, qui soutient un rythme effréné, avec une musique très vive, une lumière contrastée. L’univers dépeint fait parfois penser à La Strada de Fellini. C’est un film d’avant la guerre, alors que tous les films suivants seront très marqués par la guerre.

Le cinéma de Kusturica se développe ensuite comme un moyen de résister. Ici, la tragédie y est allégée par la présence des éléments, de l’eau en particulier. Les chants véhiculent une émotion très pure, comme dans la scène des barques illuminées sur l’eau. La musique de Bregovic est un enchantement. Le cinéaste ne juge pas ses personnages et leur évolution, ici celle du jeune Peran. On peut penser que cette absence de jugement nourrit la polémique, à propos de Undergroundpar exemple. Pourtant, un personnage comme celui de la grand-mère, dans ce film, véhicule des valeurs morales claires. Elle apprend a son petit fils à ne pas tricher, ne pas voler, être honnête. C’est un beau personnage, qui est porteur d’une vision morale, même si le film semble refuser d’en endosser une.

Élise Domenach

Cette séance est spécialement commandée pour vous par CSF.

Le film sera précédé d’une présentation et suivi d’un débat avec le public.

Animation : Philippe Serve


Affiche du film - Cliquez pour agrandir

Texte-programme - Texte-programme de présentation de la séance.