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Mercredi 08 FÉVRIER 2012 - LA COMMISSAIRE

20h30 Cinéma Mercury - 16 place Garibaldi - Nice
Publié le lundi 30 janvier 2012.


Film de Alexandre Askoldov

Urss- 1967 - 1h50 - vostf

10ième Festival annuel autour du thème : Cinéma et Censure(s)

Une petite ville d’Ukraine en 1922. La commissaire, Klavidia Vavilov, chargée de la bonne tenue militaire des troupes d’un détachement de l’Armée Rouge s’installe dans la ville reprise aux Blancs. Femme dure qui n’hésite pas a faire fusiller un déserteur coupable d’être aller retrouver sa femme pendant quelques jours mais aussi femme tout court sur le point d’accoucher malgré tous les efforts pour faire passer l’enfant indésirable...

..."Au moment où la perestroïka commence et qu’un certain nombre de films alternatifs sont produits, une commission est créée, toujours sous l’égide d’Elem Klimov, pour, je cite, « libérer » des films. En 1987, les gens qui sont dans cette commission font le tour de tous les placards et de toutes les étagères des studios de cinéma soviétiques pour aller chercher tout ce qui a été interdit par le pouvoir soviétique. Il y a des films qui ont été interdits, des morceaux de films qui ont été interdits, quelques scènes, des musiques qui ont été interdites. Tout ou presque va être retrouvé... Tout est remonté, on sort, on ressort les films. Le film emblématique de l’époque s’appelle La Commissaire d’Alexandre Askoldov. C’est un film de 1967 avec Rolan Bykov, film qui avait été fini, dont on avait fabriqué les génériques, mais qui avait été totalement interdit et n’était jamais sorti"...(Joël Chapron)

La Commissaire est donc l’unique film d’Alexandre Askoldov réalisé en 1967 et censuré jusqu’en 1987. Il a été primé par l’Ours d’Argent du Festival de Berlin en 1988. Après le Festival de Berlin, rien n’est plus comme avant pour Alexandre Askoldov. Désormais, celui-ci est un metteur en scène connu et reconnu. Enfin, il existe comme artiste. Fin mai ou début juin 1988, son film est l’évènement du Festival International de San Francisco.Au cours d’une conférence de presse, le cnéaste déclare que les raisons pour lesquelles La Commissaire est resté si longtemps sur l’étagère sont complexes. Avant tout, il s’agissait de "la conception éthique du film", qui "divergeait avec de nombreux dogmes officiels, éthiques et politiques du pays, de l’État et de la société".(1)

Mon histoire, celle de La Commissaire, tient entre deux dates 1967-1987. Ma vie, c’est le trait d’union entre les deux. Diplomé de l’Ecole de Cinéma de Moscou, j’ai voulu raconter les mauvais traitements, le véritable génocide que la révolution naissante a infligé aux juifs d’Ukraine plus de quinze ans avant Hitler. Fou que j’étais I J’ai bien senti que le scénario gênait, mais je croyais mes compatriotes plus aptes à l’autocritique qu’ils ne prétendaient l’être. Je ne voulais ni provoquer ni épater, mais j’avais mon credo moral déjà prêt. Je sentais, sans vouloir fantasmer, que j’allais à rebours de tout l’enseignement de l’époque. La Commissaire terminée n’a eu qu’une projection, une seule, à l’issue de laquelle on a incriminé l’auteur de tous les péchés de la Russie. J’ai protesté. On est venu chercher les bobines du film. Par la suite, on a dit à ma femme qu’elles avaient été brûlées. J’ai écrit à Souslov. C’était l’éminence grise de la doctrine socialiste. "La destruction d’une oeuvre d’art, disait ma lettre, est une action barbare qui n’a pas de sens, et qui évoque la destruction des livres à Nuremberg par un régime odieux." A partir de ce moment, le travail pour moi s’est fait rare. Heureusement, je ne suis pas trop maladroit pour faire des meubles de mes mains. J’ai survécu. Aujourd’hui, à Moscou, avoir eu un film au placard est presque un élément du snobisme. Beaucoup de metteurs en scène se, fabriquent, à peu de frais, une légende de persécuté. Moi, je suis la légende. J’ai vu, de mes yeux, le placard aux oeuvres interdites. Et ce ne sont pas, des bobines de films mais des âmes qui y pourrissent...(Alexandre Askoldov interrogé par Alain Riou du Nouvel Observateur en 1988).

Lorsqu’il préparait sa thèse sur Mikhaïl Boulgakov, Alexandre Askoldov a, sans nul doute, noté cette phrase de l’écrivain, qui résume si terriblement de nombreuses pages de la culture russe du XXe : "Les manuscrits ne brûlent pas." Il s’avère que les films non plus. Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov ou Vie et Destin de Vassili Grossman ont été publiés pour la première fois en Urss, respectivement, 26 et 24 ans après la mort de leurs auteurs. La Commissaire n’a eu "que" 20 ans à attendre, après son interdiction. Ces oeuvres n’ont pas changé. Ce qui a changé, c’est l’Union soviétique qui, lentement, lourdement, pesamment, est parvenue à accepter, peu avant de s’écrouler, ce que ses artistes les plus brillants et - donc ? - les plus persécutés avaient à dire.(1)

(1) Article de Cecile Vaissie intitulé "La non-existence, punition des artistes soviétiques non-conformes, le cas d’Alexandre Askoldov et de son film, La Commissaire", paru dans la Revue Communisme 70-71 en 2002.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Bruno PRECIOSO

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