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VENDREDI 15 ET SAMEDI 16 JUIN 2012 - CINÉMA AFRICAIN : MOI, UN NOIR - CABASCABO - VIVA RIVA

20h30 Cinéma Mercury - 16 place Garibaldi - Nice
Publié le jeudi 7 juin 2012.


Moi, un noir : film de Jean Rouch

France - 1958 - 1h10

Cabascabo : documentaire de Oumara Ganda

Côte d’Ivoire - 1969 - 45 min

Viva Riva : film de Djo Tunda Wa Munga

Congo - 2010 - 1h38

MOI, UN NOIR

Trois jeunes Noirs, Edward G. Robinson, Eddie Constantine et Tarzan, quittent leur village du Niger pour trouver du travail à Abidjan. Mais ils n’obtiennent aucun emploi et s’installent dans un quartier très pauvre de la ville. Ils tentent d’oublier leurs problèmes en dansant et en se saoûlant.

Avec ce film, Jean Rouch quitte tout à fait le domaine de l’ethnologie traditionnelle. « J’ai suivi un petit groupe de jeunes émigrés nigériens à Treichville, faubourg d’Abidjan. Je leur ai proposé de faire un film où ils avaient le droit de tout faire et de tout dire. Alors nous avons improvisé un film ». L’improvisation ne fut pas spontanée. Rouch avait passé une demi-année à observer ses personnages. D’accord avec eux et avec leur collaboration, il avait ensuite convenu d’un scénario, ou plutôt d’un canevas non écrit, modifié au cours du tournage. « Je me suis dit qu’on pourrait aller plus loin encore dans la vérité si au lieu de prendre des acteurs et de leur faire interpréter un rôle, on demandait à des hommes de jouer leur propre vie. Et ce fut Moi, un noir...

Un des grands films de la fin des années cinquante. Poursuivant le travail de Robert Flaherty, le père du documentaire, réalisateur du très célèbre Nanook, Jean Rouch plonge sa caméra, avec pudeur et sans fausseté, dans le bidonville d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Une exploration jamais excessive, qui orienta Rouch, à l’origine ethnographe, vers un cinéma-vérité, où les espoirs et les désillusions se mêlent avec une déboussolante frénésie. Rouch va à la rencontre d’une poésie fugitive qu’il traque jusqu’au bout du souffle, au cœur d’un quotidien étouffant, ivre, et fragmenté. Une poésie juste, limpide, touchante, où des personnages locaux surnommés Lemmy Caution, Dorothy Lamour, Edward G.Robinson prennent pour la première fois librement la parole et racontent leur vie, chargée de peines, de colères et d’amour. Oumarou Ganda, le principal héros, commente le film, sonorisé après coup. Les séquences, admirablement montées, nous livrent des sentiments purs, évitant le désarroi gratuit. Ce film, d’un lyrisme généreux, est aussi un précieux manifeste qui dénonce les méfaits d’une grande ville africaine, agaçante, conformiste, ne laissant aucune issue à des paysans nigériens, victimes du prolétariat. Moi, un noir, une comète dans le cinéma français, tournée à l’aube d’une révolution culturelle nommée Nouvelle Vague. Une Nouvelle Vague qui doit beaucoup à Jean Rouch (qui lui-même doit inconsciemment beaucoup à John Ford), innovateur acharné, qui a confirmé par la suite son immense talent, en réalisant d’excellents autres films tel que La Pyramide Humaine et Chronique d’un été en collaboration avec Edgar Morin. Moi, un noir a obtenu le prix Louis Delluc.

CABASCABO

Un soldat libéré de la guerre d’Indochine revient au pays. Il est riche et de nombreux amis s’emploient à le lui faire dépenser.

La réponse d’Oumarou Ganda au film Moi, un noir de Jean Rouch, dans lequel il interprétait son propre « rôle », celui d’un « tirailleur sénégalais » enrôlé dans la guerre d’Indochine.

VIVA RIVA

Kinshasa, où la vie nocturne voluptueuse et trépidante semble toujours prête à engloutir le temps. Quelques rares privilégiés y mènent la grande vie, au mépris de tous les laissés-pour-compte. Ceux qui n’ont rien envient ceux qui ont tout et ils n’aspirent qu’à une seule chose : devenir les nouveaux maîtres de la nuit. Riva est l’un de ces rêveurs. Il rentre plein aux as après dix ans d’absence, bien déterminé à s’offrir, avec son vieux copain J.M., une folle nuit de beuverie, de danse et de débauche. Reine de la nuit, mystérieuse et distante, Nora danse et Riva est subjugué. La belle appartient à un caïd local, mais Riva s’en moque : il lui faut cette fille. Aura-t-il sa chance ? Son argent, Riva l’a "emprunté" à son ex-patron, un truand angolais qui le poursuit à travers la ville en semant la panique sur son passage. Au point du jour, le rêve se transforme en cauchemar : après son heure de gloire, Riva finit sa course dans un recoin sordide de la ville...

Malgré le manque de moyens du projet et les nombreux acteurs amateurs du film (Marlene Longange, Diplome Amekindra, Alex Herabo, etc.), Viva Riva ! compte dans ses rangs des comédiens professionnels non négligeables, parmi lesquels Manie Malone (l’interprète de Nora), que l’on a pu voir dans les séries françaises Femmes de Loi et Braquo, ou encore Hoji Fortuna (Pan Am, la nouvelle série ABC, aux côtés de Christina Ricci).

Le film montre des scènes de sexe osées, conformément à la volonté du réalisateur Djo Tunda Wa Munga. Or, le sexe est encore un sujet très tabou dans la plus grande partie des pays africains, raison qui explique sans doute pourquoi ce long-métrage n’est pas diffusé dans son propre pays, en République Démocratique du Congo. Le cinéaste confesse d’ailleurs avoir eu du mal à trouver des actrices locales prêtes à se dénuder.Le film a été interdit au moins de 12 ans.

Le film a été tourné en français, mais aussi en lingala, qui est la langue la plus parlée au Congo actuellement. Cette particularité en fait le premier film tourné en lingala ! Pour retraduire l’ambiance chaotique et intense du film, Djo Tunda Wa Munga a misé sur l’importance de la musique congolaise, entre passion, fureur et mélancolie. Il aura ainsi fallu attendre plus de 20 ans entre Viva Riva ! et La Vie est belle de Mweze Ngangura et Benoit Lamy, dernier film congolais en date (1987). Djo Tunda Wa Munga, qui déplore ce manque de développement de l’industrie congolaise, espère relancer la culture cinématographique dans son pays avec son film. Originaire de Kinshasa, il a voulu pousser un cri de révolte et alerter l’opinion publique quant à la situation critique de son pays à l’heure actuelle. Il déclare : "Ces vingt dernières années ont été mouvementées pour les Kinois, qui ont enduré tout ce qu’on peut imaginer de pire (...) Le temps est venu d’en évoquer certains aspects, connus de tous mais dont personne ne parle". Avec ce film, il veut donc montrer la violence et la corruption qui règnent au Congo. Pour l’écriture de son scénario, il s’est d’ailleurs inspiré de l’histoire de vrais contrebandiers.

Viva Riva !, défini par son réalisateur comme "un polar moderne en forme de course-poursuite", est reparti avec six récompenses lors des African Movie Academy Awards 2011, dont le prix du Meilleur film et du Meilleur réalisateur !


Présentations des films et animations des débats avec le public : Josiane Scoleri .

Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à 20h 30 précises.

N’oubliez pas la règle d’or de CSF aux débats :
La parole est à vous !

Entrée : 7,50 € (non adhérents), 5 € (adhérents, chômeurs).

Adhésion : 20 € - 15 € pour les étudiants. Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, ainsi qu’à toutes les séances du Mercury (hors CSF) et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier.
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