Accueil du site - Séances-débats

VENDREDI 10 JUIN 2016 : LE BOIS DONT LES RÊVES SONT FAITS

20h30 Cinéma Mercury - 16 place Garibaldi - Nice
Publié le jeudi 2 juin 2016.


Documentaire de Claire Simon

France - 2016 - 2h26

Il y a des jours où on n’en peut plus de la ville, où nos yeux ne supportent plus de ne voir que des immeubles et nos oreilles de n’entendre que des moteurs... Alors on se souvient de la Nature, et on pense au Bois. On passe du trottoir au sentier et nous y voilà ! La rumeur de la ville s’éloigne, on est dans une prairie très loin. C’est la campagne, la forêt, l’enfance qui revient. On y croit, on y est. C’est une illusion vraie, un monde sauvage à portée de main, un lieu pour tous, riches et pauvres, Français et étrangers, homos et hétéros, vieux et jeunes, vieux-jeu ou branchés. Le paradis retrouvé. Qui sait ?

Le Bois dont les rêves sont faits est en réalité le Bois de Vincennes, que la réalisatrice Claire Simon apprécie particulièrement et voit comme une sorte de temple mystique et de refuge, qui permet de s’affranchir même de manière illusoire de l’agitation urbaine :"Pour moi le Bois ressemble à un très grand temple où l’on viendrait accomplir des rituels, comme on le ferait dans n’importe quel lieu de culte, païen ou religieux. Toutes les activités qu’on y mène, je les vois un peu comme des rites, actuels et modernes, prendre un temps pour soi, se promener, faire du sport, faire l’amour…" "Dans ce titre se trouve déjà toute la poésie dont le film tient la promesse. Il véhicule l’imaginaire, la part d’intimité et les potentialités d’un lieu, le Bois de Vincennes, que Claire Simon a filmé au gré de quatre saisons, au fil du rythme de la nature. Elle fait de nous les promeneurs curieux de ce havre en marge de la frénésie citadine, les interlocuteurs momentanés de ses habitants plus ou moins temporaires. Filmer la vie d’un bois, c’est certes en sillonner les sentiers, en humer les senteurs, y côtoyer ses promeneurs. Mais c’est aussi embrasser son immense pouvoir de fiction. Le bois est l’endroit des fantasmes, des croyances, de l’évasion, des secrets, de l’expérience sensorielle. Il idéalise tout ce que nous refusons de la ville, du stress et de la contrainte. Et cela, il le fait en un instant : une odeur de sous-bois, une palette de couleurs, quelques chants d’oiseaux et voilà le monde sauvage à portée de main. Le bois est l’endroit où ressurgit l’enfance, un lieu où se mêlent la magie et la beauté, où le temps suspend son cours. Voilà pourquoi ce fabuleux documentaire porte en lui mille et une fictions qui nous transportent en observateurs attentionnés vers autant de rencontres, témoignages et autres récits intimes et passionnants. L’idée de ce documentaire, simple et pourtant si forte, c’est d’avoir conçu le bois comme un petit monde en soi. Tout le monde vient au bois : des hommes et des femmes de tous âges, de tous horizons, de toutes classes. On y vient pour se ressourcer, pour faire de l’exercice, pour travailler, pour chercher l’amour ou pour des rapports fugaces. Le point commun entre tous ces gens est d’y venir pour accomplir quelque chose d’intérieur, souvent avec la régularité d’un rituel...Au fil de ce documentaire, la voix de Claire Simon nous guide sous l’humus du bois, là où la vie fourmille, dévoilant ce que ce lieu recèle d’invisible. Munie de sa caméra et d’un dispositif minimaliste, elle imprègne son film d’intimité et d’équilibre. Au point de laisser deviner qu’elle ne diffère en rien de tous ceux qu’elle interroge ; qu’elle aussi se rend au bois pour y satisfaire un besoin personnel, y rencontrer des gens, y laisser un peu de sa solitude peut-être. Et plus que tout, revenir encore et encore se blottir au cœur de cette grande utopie qu’est le bois, où règnent la liberté, le merveilleux et la diversité." (Cinemas-utopia.org)

Claire Simon a au l’idée du Bois dont les rêves sont faits en 2013, pendant le tournage de Gare du Nord avec Nicole Garcia et Reda Kateb. Pour la réalisatrice, la Gare du Nord représenterait une porte de l’enfer tandis que le Bois de Vincennes s’apparenterait davantage à une porte du paradis. Le Bien était d’ailleurs le titre provisoire du projet. Elle s’explique : "J’ai grandi à la campagne à l’autre bout de la France et je vis à Paris depuis très longtemps. Chaque week-end, chaque fois que je peux, comme beaucoup d’autres parisiens, je m’évade au Bois de Vincennes pour être dans une fiction de la Nature qui permette à mes yeux de ne plus voir de bâtiments ni de voitures le temps de la balade. J’ai fortement conscience qu’il s’agit d’une fiction que j’alimente pendant ma promenade en plongeant le regard dans les bois, les sous-bois, en écoutant les chants d’oiseaux pour me conforter dans l’expérience d’une illusion réelle d’être en forêt. Le Bois de Vincennes est au coin de la rue, il surgit comme un morceau de Nature d’un seul coup au milieu des villes qui l’enserrent : Paris, Saint-Mandé, Vincennes, Fontenay, Joinville, Saint-Maurice, Charenton. Il apparaît comme un mirage rêvé par le citadin épuisé, la Nature d’un coup ! Notre mère Nature où se réfugier, un monde libre, un monde d’avant les villes, d’avant la civilisation, d’avant l’exil en ville ou en France… Celui de l’enfance, des désirs secrets, le monde de l’âme, de la poésie, du calme, du bonheur physique, un monde qui serait l’inverse de la ville, du travail, de la contrainte. L’état de Nature, le paradis rêvé et retrouvé, le Temple où nos valeurs deviennent divinités : la Santé, la Beauté, l’Amour, le Bonheur (des enfants, de soi, de la famille) la Paix (un abri) le Silence, le Sens de la Vie."

"En promeneuse solitaire, la cinéaste construit Le Bois dont les rêves sont faits comme une promenade quotidienne qui arpente, réemprunte les mêmes chemins mais tout en sachant que ce lieu unique ne pourra que s’ouvrir à l’inconnu et à l’inattendu. Ressassement d’un même parcours, le film s’ouvre très librement aux rencontres imprévues tout en traçant une cartographie des différents désirs de nature qui se rencontrent dans cette de forêt ordonnée par l’homme. Claire Simon confie aimer dans ce bois ce qu’elle y trouve de « fiction de nature » : la ville se fait oublier, mais le visiteur de quelques heures n’est pas pour autant dupe que c’est la main de l’homme qui élabore ce petit carré de sauvagerie disciplinée au milieu de l’urbanité. Dans cette nature artificielle, on fait « comme si » : on feint une proximité avec l’animal, comme ces pêcheurs qui « mangent McDo » sous la tente, et jurent leurs grands dieux qu’ils n’ont jamais tué un poisson en cinq ans de pratique passionnée. Le poisson, respectueusement attrapé, est photographié, admiré, avant d’être replongé dans son étang. Dans le bois, les rapports à la vie sauvage sont codifiés, et l’animal est le plus souvent domestiqué, comme ces colonies de chiens emmenés par leur dog-sitter ou ce cheval qui traverse les allées en tirant une calèche. Comme le peintre qui continue, à la tombée de la nuit, à chercher une représentation des frondaisons qui toucherait à la « périphrase plutôt qu’à la paraphrase », on voit bien ce qui plaît à la cinéaste dans ce lieu vaste et clos à la fois. La lumière, les couleurs qui changent au fil d’une journée ou d’une saison. Les perspectives qui s’ouvrent dans les grandes allées ou se ferment dans des rideaux d’arbres et permettent de dissimuler des ébats tarifés comme ils offrent à celui qui veut vraiment voir une circulation du regard. Dans ce bois, c’est aussi une métaphore du cinéma que vient chercher la réalisatrice. Comme Agnès Varda disait dans Les Glaneurs et la glaneuse filmer d’une main son autre main, Claire Simon enregistre dans la parole de l’autre sa propre voix. Chaque rencontre semble agir comme un miroir qui parlerait aussi d’elle, de sa façon de regarder, d’aimer, de vivre. Chacune met en abyme la situation du tournage." (Critikat.com)

Le Bois dont les rêves sont faits a été présenté hors compétition au Festival de Locarno, où il a fait sensation. Il a également été présenté au Festival Entrevues de Belfort, aux Etats Généraux du Documentaire de Lussas, aux Festivals de Dijon, Rotterdam et Montréal.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Bruno Precioso

Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à 20h30 précises.

N’oubliez pas la règle d’or de CSF aux débats :
La parole est à vous !

Entrée : 7,50 € (non adhérents), 5 € (adhérents CSF et toute personne bénéficiant d’une réduction au Mercury).

Adhésion : 20 €. Donne droit au tarif réduit à toutes les manifestations de CSF, ainsi qu’à toutes les séances du Mercury (hors CSF) et à l’accès (gratuit) au CinémAtelier.
Toutes les informations sur le fonctionnement de votre ciné-club :
http://cinemasansfrontieres.free.fr
[https://www.facebook.com/cinemasansfrontieres ?ref=bookmarks]