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Le gouvernement iranien contre la condamnation de Panahi

Publié le mercredi 19 janvier 2011.


Confirmant l’analyse que nous avions faite lors du week-end de soutien inter-associatif envers Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof - à savoir que les deux cinéastes sont des pions dans un jeu opposant à l’intérieur du Pouvoir iranien les différentes forces politiques et religieuses (Khamenei, Ahmadinejad, Rafsandjani), nous apprenons aujourd’hui par une dépêche AFP relayée notamment par le site du quotidien Le Monde que la Présidence iranienne et son gouvernement étaient et restent opposés à la condamnation ayant frappé Jafar Panahi (on peut penser qu’il en va de même en ce qui concerne Rasoulof mais rien dans la dépêche ne permet de l’affirmer).

Voici le texte de l’article :

Le gouvernement iranien conteste la condamnation du cinéaste iranien Jafar Panahi

LEMONDE.FR avec AFP | 19.01.11 | 11h02 • Mis à jour le 19.01.11 | 11h20

Le gouvernement iranien s’oppose à la condamnation par la justice du cinéaste Jafar Panahi à une lourde peine de prison et une interdiction de travailler, a déclaré Esfandiar Rahim Mashaie, le chef de cabinet du président Mahmoud Ahmadinejad, cité mercredi par le quotidien réformateur Shargh.

"Je l’ai déjà dit par le passé, le jugement contre lui (Jafar Panahi) a été prononcé par la justice, et le gouvernement et le président ne partagent pas cet avis", a dit Esfandiar Rahim Mashaie. "Nous n’approuvons pas le fait que Jafar Panahi ne puisse pas travailler pour une longue période" en Iran, a-t-il ajouté.

M. Mashaie est considéré comme la personnalité la plus proche du président Ahmadinejad, dont le fils a épousé la fille du cinéaste. Il est depuis des années la bête noire des ultraconservateurs religieux du régime, qui dénoncent régulièrement ses déclarations jugées trop libérales et non conformes aux dogmes islamiques en matière de culture, religion ou libertés civiles.

"PROPAGANDE CONTRE LE RÉGIME"

M. Panahi, 50 ans, avait été arrêté le 1er mars à son domicile de Téhéran avec seize autres personnes, dont sa femme et sa fille, qui ont pour la plupart été libérées. Il a été condamné en décembre à six ans de prison pour "participation à des rassemblements et propagande contre le régime" après avoir commencé à réaliser un film sur les manifestations antigouvernementales ayant suivi la réélection contestée du président Ahmadinejad, en juin 2009. La justice lui a également interdit de réaliser des films ou de quitter le pays pendant vingt ans. Jafar Panahi, actuellement en liberté sous caution, a fait appel de ce jugement qui a suscité une vague de réprobation internationale.

Connu pour ses critiques sociales grinçantes, il est l’un des cinéastes de la "nouvelle vague" iranienne les plus connus à l’étranger. Il a notamment reçu le Lion d’or à la Mostra de Venise en 2000 pour Le Cercle et l’Ours d’argent à la Berlinale en 2006 pour Hors-jeu. Il a été primé deux fois à Cannes (Le Ballon blanc, prix de la Caméra d’or 1995, et l’Or pourpre, prix du Jury Un certain regard en 2000), où son siège de juré avait été symboliquement laissé vide lors de la cérémonie d’ouverture du dernier Festival, en mai 2010, alors qu’il se trouvait en prison.

Plusieurs polémiques ont opposé, au cours des derniers mois, l’exécutif au pouvoir judiciaire dominé par les ultraconservateurs, à propos de condamnations de proches de la présidence ou de la libération de l’Américaine Sarah Shourd notamment.