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Un long Dimanche de Fiançailles

Vendredi 28 janvier - 20h45 - Cinéma Mercury
Publié le vendredi 28 janvier 2005.


de Jean-Pierre JEUNET (France, 2004, 2h14) avec : Audrey Tautou, Gaspard Ulliel, Albert Dupontel

En 1919, Mathilde a 19 ans. Deux ans plus tôt, son fiancé Manech est parti sur le front de la Somme. Comme des millions d’autres, il est "mort au champ d’honneur". C’est écrit noir sur blanc sur l’avis officiel. Pourtant, Mathilde refuse d’admettre cette évidence. Si Manech était mort, elle le saurait !

Compte-rendu du débat suivant la projection :

Le débat s’est engagé sur la sincérité du film. La première « défense » du film insiste sur la vision naïve de la guerre, celle du héros qui est encore un enfant. Les tics visuels d’Amélie Poulain et de Délicatessen (incrustations d’images, voix-off narrative, travelings centrés, usage des filtres) sont ici au service d’une vision candide de la guerre. Un second spectateur souligne la réussite de la partie du film centrée sur l’enquête que mène le personnage d’Audrey Tautou, pour comprendre ce qui est arrivé à son fiancé. Même si le rythme de la fin est décevant pour certains et qu’on peine à croire au « truc » final, le réalisateur parvient à créer une atmosphère de suspens.

Le débat se centre ensuite sur le Paris de carte postale des années vingt que reconstitue le film. Par-delà l’hommage très réussi au cinéma de l’époque, à Fantomas (via le personnage de Tina, la vengeresse corse), et le caractère léché et cohérent du film, la mise en scène parvient-elle à nous toucher, à nous transporter dans son univers ? Ou bien nous laisse-t-elle étranger à ces images de carte postale, closes sur elles-même ? Les positions divergent.

Certains ont trouvé que le travail sur les personnages, les dialogues, rend l’histoire touchante. D’autres avouent s’être franchement ennuyés. Il est des spectateurs pour défendre la maîtrise dont fait preuve le réalisateur et la beauté des images alors que d’autres y voient une série d’images d’Epinal, guère plus qu’un "téléfilm marqué d’un label de qualité française". Filmer ainsi la guerre, n’est-ce pas une faute de goût ? Le film ne prétend pas être un documentaire. Il nous raconte une histoire dans un univers fictionnel construit pour la servir. Il est faux de parler de passéisme, car le film n’a pas de prétention à l’historicité, ni de prétention politique ou morale. Le débat fait un détour par la question de la possibilité de filmer des charniers comme ceux des tranchées de la Grande guerre, ou des camps d’extermination nazis.

Une partie du public s’est retrouvée très partagée sur le film. Un débat particluièrement vif et fondamental, donc.

Élise Domenach

Le film sera précédé d’une présentation et suivi d’un débat avec le public.

Animation : Philippe Serve


Un Long Dimanche de Fiançailles - Affiche du film

Un long dimanche de fiançailles - Texte-programme de présentation du film plus la critique de Videodrome (David Cronenberg)