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Bolivia

Vendredi 21 septembre 2007 - 20h30 - Mercury
Publié le vendredi 21 septembre 2007.


de Adrian Caetano

Argentine, 2001, drame, 1h15

avec Freddie Flores, Rosa Sanchez, Oscar Bertea

En quittant sa Bolivie natale, Freddy a laissé ce qui comptait le plus pour lui : sa famille. Il rejoint Buenos Aires dans l’espoir de trouver un bon travail et un logement pour faire venir les siens.

Or, cette ville se révèle beaucoup moins accueillante que prévu. En effet, la capitale argentine a cessé d’être l’Eldorado où tous les rêves étaient possibles.

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Tout comme les autres films d’Adrián Caetano, Bolivia a participé pleinement au renouveau du cinéma argentin apparu dans les années 90. On en retrouve d’ailleurs les caractéristiques principales dès les premières images, granuleuses, en écho à un tournage chaotique et sans moyens : démarré en 1998, le film n’a pu être tourné que pendant le week-end, le bar (authentique) étant ouvert durant le reste de la semaine ! C’est ainsi que les prises de vue se sont étalées sur deux ans. Sorti en 2001, le film a reçu un joli succès qui a permis à tous ses interprètes, bénévoles et non-professionnels, de recevoir, enfin, une petite rémunération.

A quand remonte le renouveau du cinéma argentin ? Probablement à 1995 et à une nouvelle loi sur le cinéma. Malgré un système d’aides couronnant non pas la qualité des films mais leur succès au box-office, malgré des clauses sur le cinéma d’auteur jamais appliquées, et malgré la corruption des années Menem, un formidable courant de dynamisme (et de débrouillardise !) a résulté de ce flot d’intentions. Des écoles de cinéma ont été créées et se sont mises à tenir un rôle de premier plan : ainsi, en 1995, une série de courts-métrages financés par l’Incaa (Instituto Nacional de Cine y Artes Audiovisuales) dans une série intitulée Historias breves révèle un sang neuf. De nombreux festivals ont réussi à émerger et à faire office de tremplin pour les jeunes réalisateurs. Des revues spécialisées ont été lancées. L’ouverture aux capitaux étrangers a également permis la rénovation

du parc de salles et l’ouverture de nombreux multiplexes. Tout en profitant aux productions des majors américaines, ce phénomène a tout de même relancé la fréquentation et redynamisé le secteur tout entier. Avant ce renouveau, le cinéma argentin avait déjà su renaître de ses cendres lors de la chute de la dictature de la fin des années 70. Mais la production des années 80, que l’on peut symboliser par le succès international de L’Histoire officielle de Luis Puenzo en 1986, avait quelque chose de très classique. Le cinéma argentin de la nouvelle décennie s’est bâti sur ce paradoxe : le pays traversant une crise sociale, économique et politique grave, il n’y avait plus le moindre peso dans les caisses pour tourner des films. Pourtant il y avait urgence à témoigner. A l’arrachée, dans l’esprit de toutes les nouvelles vagues qui, par le passé, avaient déjà balayé le cinéma mondial : les auteurs sont descendus dans la rue, ils ont engagé des acteurs non-professionnels, et refusé les sujets historiques afin de coller le plus près possible au quotidien. Que ce soit sur un mode comique (Historias Minimas) ou tragique (L’Ours rouge).

Les tournages pendant le week-end et en caméra dv se sont multipliés. Deux grandes tendances stylistiques se sont dégagées : la réalité documentaire, filmée sur un mode brut, caméra à l’épaule, image granuleuse, dans des décors les plus naturalistes possibles (comme dans le Mundo Grua de Tablo Trapero) et la réalité fantasmée, passée au filtre de l’abstraction, par le biais du noir et blanc, de l’absurde ou de quelque autre procédé de distanciation (c’est l’exemple de Tan de Repente de Diego Lerman).

Le public argentin s’est souvent reconnu dans ces peintures de vraies gens et de vraies situations. Mais grâce à leur véritable désir de cinéma et à une connaissance grandissante du septième art, les nouveaux auteurs ont aussi su dépasser le cadre de la chronique et de l’air du temps pour se livrer à un vrai travail des genres. Le road-movie sert de base à une foule de films, comme Voyage en famille de Pablo Trapero. La comédie est repassée au filtre d’un regard décapant (Le Fils de la mariée de Juan José Campanella). Et le polar a eu droit à ses deux gros succès : celui, à l’ancienne, basé sur une mécanique de scénario impeccable et un jeu malin avec les croyances du spectateur de Neuf reines, et celui plus cru, hanté par une réalité sociale qui n’est pas sans rappeler celle du Mean Streets de Scorsese, de L’Ours rouge.

Les festivals du monde entier se sont montrés très réceptifs à ce cinéma bourré d’une énergie nouvelle, et c’est souvent grâce à des capitaux étrangers que nombre de budgets ont pu être bouclés. Chaque année, à Toulouse, les Rencontres Cinémas d’Amérique Latine font la part belle aux productions argentines, parfois en quête de compléments de financement à travers la section « Cinéma en construction ». Les écrans européens ont réservé un accueil favorable à ce nouveau cinéma argentin. Si, en France, le premier film d’Adrián Caetano, Pizza, Bira, Faso, reste inédit, et que Bolivia, achevé en 2001, ne sort qu’aujourd’hui, plusieurs films précurseurs ont capté l’attention des cinéphiles : des plus arides (Mundo Grua de Pablo Trapero en 1999, La Libertad de Lisandro Alonso en 2001) aux plus « grand public » (Neuf reines de Fabian Bielinsky en 2000, La Ciénaga de Lucrecia Martel en 2001).

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Adrian Caetano

Né à Montevideo (Uruguay) en 1969, le réalisateur Adrian Caetano s’installe en Argentine à l’âge de seize ans, où il commence à réaliser ses premiers courts-métrages : Visite Carlos Paz en 1992, et Calafate en 1993. Il travaille pendant deux ans à la production de son premier long, Pizza, birra, faso, coréalisé avec Bruno Stagnaro, qui obtient un grand succès public et critique, malgré le peu de moyens disponibles. Figure de proue du nouveau cinéma argentin des années 90, il tourne La expresión del deseo, un moyen métrage, puis se fait connaître sur la scène internationale grâce à Bolivia. Dans le même temps, Caetano tourne aussi un documentaire pour la télévision Peces Chicos et un court métrage No necesitamos de nadie. En décembre 2001, il débute le tournage de Un Oso rojo, en pleine crise politique et économique en Argentine Il est régulièrement invité à Cannes où il connaît les honneurs de la Compétition en 2006 avec Buenos Aires 1977, film racontant l’histoire authentique de Guillermo Fernandes pendant les horreurs de la dictature militaire argentine et de sa pratique de la torture.

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Vous pouvez télécharger ci-contre le programme de la séance.

Le film sera précédé d’une présentation et suivi d’un débat avec le public.

Présentation et Animation : Josiane Scoleri


Affiche du film - Cliquer pour agrandir

Programme de la séance - Présentation du film Bolivia