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Hommage : LIZ TAYLOR (1932 - 2011)

Publié le mercredi 23 mars 2011.


Mercredi 23 mars : annonce du décès de Elizabeth Taylor, 79 ans, d’une insuffisance cardiaque.

Le cliché sera à n’en pas douter resservi jusqu’à plus soif dans tous les médias du monde entier : l’une des dernières grandes et authentiques stars du cinéma vient de disparaître. Mais avouons-le, rarement cliché aura tant collé à la réalité.
Elizabeth Taylor, Liz pour tous les intimes que nous étions depuis si longtemps, a quitté cette vie terrestre que les légendes de celluloïds surmontent en restant immortelles sur les écrans de nos rêves.

Liz, nous l’avons connue à tous les stades de sa vie. De la petite fille Londonienne - mais de parents américains - aux cheveux de jais, séduisant Hollywood et la MGM pour ses passions enfantines et animales (Les aventures de Lassie, Jane Eyre et surtout Le Grand National) puis la jeune fille (Les Quatre filles du Dr March, Le père de la mariée), avant d’exploser en femme incandescente à la beauté presque insolente : Une place au soleil, Ivanhoe, Géant, La Chatte sur un toit brûlant, Soudain l’été dernier dans lequel sa sortie de l’eau en maillot de bain blanc continuera de faire fantasmer des millions de spectateurs… Puis nous avons suivi sa romance à répétition avec Richard Burton à partir de l’emblématique Cléopâtre. Leurs mille ruptures et remariages dont nous soupçonnions qu’elles déteignaient sur leurs films communs (Le Chevalier des sables, Qui a peur de Virginia Woolf ? - qui peut imaginer aujourd’hui une "autre" Martha ? - La Mégère apprivoisée, Boom…). Il aura beau y faire, le spectateur ou la spectatrice énamouré ne comprendra jamais comment un Paul Newman ou un Marlon Brando pouvaient rester insensibles à ses charmes (La Chatte sur un toit brûlant, Reflets dans un œil d’or) !

Liz Taylor n’était pas seulement des yeux violets extraordinaires rehaussées par une double paire de cils, anomalie génétique, l’un des plus beaux regards que l’on vit jamais sur un écran avec ceux de Garbo ou de Gene Tierney, mais elle était aussi une immense actrice. Cinq fois nominée aux Oscars, deux fois vainqueur - sans compter une multitude d’autres prix d’interprétation dans le monde - elle savait à merveille alterner douceur (Ivanhoe) ou fureur (Qui a peur de Virginia Woolf ?), séduction et complexité (voir par exemple l’excellent Cérémonie secrète).

Passé la quarantaine (Liz était née en 1932), elle trouva moins de rôles mémorables car Hollywood est ingrat avec ses femmes. Alors on la vit dans des films tournés pour la télévision et dans des séries. Elle eut l’insigne honneur de prêter sa voix pour le seul mot à jamais prononcé par la petite Maggie Simpson ("Papa !") en plus de vingt ans de la série animée !

Liz Taylor restera aussi dans les mémoires - et surtout dans les cœurs - pour la fidélité à ses amitiés aux destins si tragiques (Montgomery Clift, James Dean, Rock Hudson), elle qui se maria huit fois et divorça autant. Sa lutte incessante contre le Sida, commencée à une époque où les personnalités ne se pressaient pas pour intervenir, toujours menée avec humilité et détermination, força le respect. Combat motivé par une réelle humanité envers son prochain et une empathie pour tous ceux rejetés par leurs proches ou la société. Amie indéfectible de Michaël Jackson qu’elle ne laissa jamais tomber alors que tous lui tournait le dos, multipliant les ennuis de santé après des périodes noires d’alcoolisme (particulièrement pendant les années Burton), Liz Taylor conserva toujours une extraordinaire popularité.

Star, légende, mythe, oui. Mais le passage des ans montra un être réel, attachant. Avec son départ, s’enfuit aussi une partie de notre jeunesse.

Restent ses films. Alors n’hésitons pas et partons plonger une fois de plus dans l’océan violet de son âme.

Philippe Serve
Président de CSF