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VENDREDI 27 MARS 2015 - THE PARTY

20h30 Cinéma Mercury - 16 place Garibaldi - Nice
Publié le dimanche 22 mars 2015.


Blake Edwards

USA - 1969 - 1h39 - vostf

et projection d’un court métrage surprise !

Hrundi V. Bakshi, un acteur indien, est engagé par un studio hollywoodien pour interpréter un soldat indigène dans un remake de Gunga Din. Faisant preuve d’une terrible maladresse, il fait exploser un coûteux décor. Exaspéré, C.S. Divot, le producteur, demande à ce que le nom de Bakshi soit inscrit sur une liste noire. Mais suite à un quiproquo, le comédien indien se retrouve en fait invité à la soirée annuelle du studio...

Article de Martin de Kerimel :

Les petites causes ont parfois de grandes conséquences : c’est tout le propos du seizième film du génial Blake Edwards, The Party. La cause pourrait être résumée sur une feuille de papier cigarette : soit un certain Hrundi V. Bakshi, citoyen indien admis comme modeste figurant dans le champ de la caméra d’une très grosse production cinématographique hollywoodienne et, à ce titre, invité presque logique d’une fête de fin de tournage. Conséquences désastreuses à la clé : véritable catastrophe ambulante, le piteux comédien ne devait absolument pas figurer sur la guest list et, sans qu’il s’en rende véritablement compte, il ne participera à la sauterie que pour mieux la faire exploser de l’intérieur. Pourquoi ? Comment ? Avec quels complices possibles ? Tout ça, on préfère ne rien en dire pour préserver la surprise à ceux d’entre vous qui liront ce papier avant d’avoir vu - ou revu - le film…

Parlons plutôt du contexte : quand le film sort sur les écrans, ses deux protagonistes principaux, le réalisateur Blake Edwards, donc, et son camarade comédien, le Britannique Peter Sellers, n’en sont pas à leur première collaboration. Leur premier travail en commun remonte à cinq ans en arrière : il s’agit de La panthère rose, dont les écrans cinéma portent donc la trace depuis 1963. Impayable dans le costume de l’inspecteur Clouseau, Peter Sellers prend là l’un de ses rôles majeurs : il le retrouvera à quatre reprises, dès 1964, puis en 1975, 1976 et 1978. Hrundi V. Bakshi reste le seul autre personnage qu’il ait accepté de représenter pour Blake Edwards. Tout au long de sa carrière, l’acteur aura connu mille métamorphoses pour ses propres réalisations ou chez Stanley Kubrick (Lolita, 1962 et Dr. Folamour, 1964) parmi… beaucoup d’autres. Il faut dire qu’il était un enfant de la balle, né en septembre 1925 au cœur d’une famille d’artistes comédiens. C’est avec elle qu’il apprit la mise en scène rapidement et surtout encouragé dans cette voie par sa mère qu’il s’adonna au théâtre burlesque dès l’âge de cinq ans. Plutôt que de tout interrompre, la Seconde guerre mondiale permit ensuite à Peter Sellers de développer ses talents. Resté sous-officier du fait d’une vue franchement basse, il fit quelques armes à l’Entertainements National Service Association, une organisation conçue pour remonter le moral des troupes. Suivront, une fois l’armistice survenu, de nombreux engagements artistiques, comme danseur, musicien jazz ou voix radiophonique. L’occasion pour notre homme de parfaire ses grands talents naturels d’imitateur, avec des accents différents, français, américain, allemand, indien… il en reste quelque chose de très flagrant dans The Party, mais chut ! Nous nous sommes déjà promis d’être discrets sur le film lui-même. Ses premiers succès de cinéma, Peter Sellers les tournera dans son pays et avec ses compatriotes. Exemple : en 1955, il est l’un des drôles de musiciens de Tueurs de dames, aux côtés d’Alec Guinness. Dans la lignée de ses pérégrinations artistiques sur grand écran, il continuera d’impressionner par sa faculté à apparaître crédible dans la peau de personnages qui ne lui ressemblent pas vraiment. Le réalisateur britannique Peter Hall, admiratif, aurait ainsi dit de lui : « Peter avait cette capacité de s’identifier complétement à une autre personne et de penser comme s’il était dans sa peau, physiquement, mentalement et émotionnellement. D’où cela vient-il ? Je n’en ai aucune idée ». Reste la certitude d’une grande complicité avec Blake Edwards, qui s’est même prolongée post mortem. Le cœur fragile de Peter Sellers le handicapait lourdement dès l’année 1964. Deux ans après son décès survenu en 1980, à la suite d’une énième attaque, son ami cinéaste sortait Á la recherche de la panthère rose, un film posthume bricolé à partir des plans inexploités des épisodes précédents. Sur l’affiche, cette petite phrase, comme un hommage vibrant au génie d’un homme : « Il n’y a qu’un inspecteur Clouseau. Son aventure continue ». Blake Edwards, lui, poursuivra sa route au cinéma jusqu’en 1993, avec l’ultime tour de piste du félin dans Le fils de la panthère rose et un jeune Italien, Roberto Benigni, dans le rôle principal. Au fil d’une magistrale carrière débutée comme acteur dès 1944 et réalisateur télévisuel à partir de 1953, il aura côtoyé les meilleurs comédiens de l’époque, de Tony Curtis à David Niven, en passant notamment par Jack Lemmon, Julie Andrews, James Garner, Claudia Cardinale, Burt Reynolds ou même… Bruce Willis !

Question pas-si-subsidiaire : que reste-t-il donc The party aujourd’hui, près de cinquante ans après son apparition sur les grands écrans blancs ? Sans doute quelque chose d’une époque insouciante, où se moquer d’un personnage d’Indien ahuri ne passait pas pour du racisme déguisé. Sans doute aussi un charme incroyable, fruit d’un juste mélange entre le rire sincère et la petite émotion dissimulée derrière la pure bouffonnerie – car oui, aux âmes romantiques amatrices de rencontres et d’amours improbables, le long-métrage réserve aussi une facette sentimentale. Il y a encore un groupe français de musique électro, Birdy Nam Nam, un nom dont, si vous l’ignorez encore, vous devriez comprendre la signification après notre projection de ce soir. Et puis, bien sûr, immortel entre les immortels, il restera toujours Peter Sellers. Petit frère de Charlot, héritier magnifique de la grande tradition burlesque. Tout cela est-il bien sérieux ? Sûrement pas ! Mais puisqu’il faut bien conclure ce modeste propos introductif, qu’il nous soit permis de vous faire une confidence : au milieu d’une actualité parfois morose et d’autres films infiniment plus profonds ou réfléchis, nous avons pensé que vous aimeriez souffler un peu et rire un bon coup. Profitez-en : c’est Cinéma sans frontières qui régale !

Et surtout, franchement, n’hésitez pas : faites-vous plaisir, sans attendre l’arrivée impromptue d’un éléphant bariolé ! Et tant pis si, dans le fond, personne n’avait anticipé votre présence parmi les participants à la fête. Et tant pis aussi si cette dernière finit par partir en vrille ! Finalement, je suis, vous êtes… nous sommes tous Hrundi V. Bakshi !

...Né en 1922, Blake Edwards était, aux côtés de Stanley Donen, le dernier cinéaste pouvant se targuer, en 2010, d’avoir connu les grands studios à leur apogée. Avec sa mort le 15 décembre 2010, c’est ainsi une page qui se tourne : celle d’un certain classicisme hollywoodien. Entre Bring your smile alone, son premier film au titre programmatique réalisé en 1955, et Le fils de la Panthère rose en 1993, ultime tour de manège un peu rouillé sans Peter Sellers, mort dix ans auparavant, Blake Edwards aura traversé quatre décennies. Et sa singularité sera d’y avoir presque toujours été à contretemps... (Slate.fr)

Hommage avéré aux maîtres du burlesque muet (Keaton, les Marx Brothers, Chaplin), The Party, de Blake Edwards, peut se targuer d’être toujours, trente-six ans après sa sortie, la comédie la plus inventive et la plus délirante dont le cinéma ait accouché...Comme à son habitude, et plus encore, le cinéaste multiplie les entrées de champ, soustrait toute logique rationnelle quant au placement de son personnage (il ne se trouve jamais à l’endroit où la bêtise est commise), et fait de sa Party une oeuvre formelle basée avant tout sur la gestuelle et la place du corps dans l’espace. Mais The Party est également une satire du Tout-Hollywood, de ses paillettes et de son univers aussi futile qu’hypocrite. Blake Edwards ne se prive pas et affirme son goût pour la sophistication plutôt que pour la superficialité. Au-delà de ses invités, tous plus intolérants les uns que les autres face à la présence accidentelle de l’acteur hindou, c’est dans l’architecture et l’agencement des décors que le cinéaste frappe un grand coup. En prenant modèle sur Jacques Tati, en donnant aux lieux une identité aussi superficielle qu’à ses hôtes, Blake Edwards donne à sa Party des allures de Playtime et de Mon Oncle. La technologie précède l’entendement d’un personnage dépassé par les évènements, et Sellers a le plaisir de mettre à mal avec la même innocence que dans son prologue le décor de cinéma dans lequel il évolue. (Fabien Braule/Ecranlarge.com)

Véritable concept dans l’esprit Blake Edwards, The Party est basé sur un scénario extrêmement limité de 65 pages, le reste du jeu reposant en grande partie sur les talents d’improvisation de son acteur principal, Peter Sellers. The Party est la troisième des sept collaborations du réalisateur Blake Edwards avec le comédien Peter Sellers. Seul film commun des deux hommes à ne pas faire partie de la série des Panthères roses, The Party marque leurs retrouvailles, après plusieurs années de brouille dans les sixties. Ce qui est remarquable, chez Peter Sellers, c’est effectivement cette propension à caricaturer des personnages avec toujours beaucoup de tendresse comme cet acteur Indien, maladroit, mais sensible et naïf, qui n’est pas sans rappeler Charlie Chaplin. Chacune de ses décisions imposant des conséquences souvent désastreuses, avec une simplicité rare, sans toutefois se déformer le visage, à l’inverse d’un Jerry Lewis, le comédien pousse ses déboires au maximum dans une maitrise incroyablement drôle, à commencer par cet accent qu’il maîtrise avec une perfection hilarante, comme le firent les Monthy Python dans Sacré Graal, lorsqu’ils imitent l’accent français.

The Party est un ensemble de gags tous plus réjouissant les uns que les autres. Accumulant les quiproquos dans une structure narrative simple, avec une unité de lieu, le réalisateur s’amuse avec son comédien principal à pilonner une soirée qui se devait d’être simplement agréable et dans le même temps donne une vision décalée et parfois acide de l’univers très surfait des studios hollywoodiens.

Toujours dans le même esprit de liberté artistique, The Party est marqué par certaines innovations techniques, comme le fait de revoir sur écran vidéo la scène tournée par la caméra pour mieux juger du travail des acteurs, une première dans la carrière de Blake Edwards.

Visuellement et scénaristiquement, The Party est une mini révolution dans laquelle la perfection de cadrages minutieusement étudiés à même le plateau n’a d’égal que la rigueur mathématique d’un dispositif dans lequel chaque gag renvoie à un autre, chaque situation s’enchaîne à la suivante dans une logique en apparence brouillonne, mais au final totalement infernale. Le résultat, une perle absolue au niveau de l’agencement des gags, et de la façon de les inscrire dans le plan.

La chanson titre de The Party est interprété par... une Française, l’actrice Claudine Longet, qui partage l’affiche du film avec Peter Sellers.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Bruno Precioso et Martin de Kerimel

Merci de continuer à arriver suffisamment à l’avance pour être dans votre fauteuil à 20h30 précises.

N’oubliez pas la règle d’or de CSF aux débats :
La parole est à vous !

Entrée : 7,50 € (non adhérents), 5 € (adhérents CSF et toute personne bénéficiant d’une réduction au Mercury).

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