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Jeudi 09 FÉVRIER 2012 - MONTY PYTHON, LE SENS DE LA VIE

20h30 Cinéma Mercury - 16 place Garibaldi - Nice
Publié le lundi 30 janvier 2012.


Film de Terry Jones et Terry Gilliam

G-B - 1983 - 1h47 - vostf

10ième Festival annuel autour du thème : Cinéma et Censure(s)

Les vieux employés d’une compagnie d’assurances se révoltent contre les jeunes loups qui les asservissent. Telle est la séquence d’ouverture de cette satire loufoque sur l’existence, de la vie à la mort, en passant par la religion, le mariage, la guerre...

Lord Delfont était « not amused ». Le boss de la puissante major EMI n’avait guère l’habitude de gérer les affaires courantes, mais là, un beau jour de février 1978, il a bien dû s’y coller en lisant un scénario. Le scénario d’un film que son entreprise était sur le point de produire. Les décors étaient construits, les billets d’avions étaient réservés pour les acteurs et l’équipe de tournage. Seul le scénario posait problème, du moins aux yeux de Lord Delfont, qui le trouvait obscène, blasphématoire et ne voulait en aucun cas qu’EMI soit associée à ce genre de production. Deux jours avant le début du tournage, il retirait son financement.

Le film obscène en question n’était autre que La vie de Brian des Monty Pythons. Son sauveur apparu sous les traits d’un ex-membre des Beatles, George Harrison, qui en assura le financement à lui seul. On dit qu’il aurait payé le ticket de cinéma le plus cher du monde. Quant à Lord Delfont, les Monty Pythons l’ont immortalisé à la fin de La vie de Brian, avec leur célèbre chanson Always Look on the Bright Side of Life.

L’année où l’homme posait le pied sur la lune, quatre Anglais, un Gallois et un Américain firent leurs débuts à la télévision, avec un humour radicalement nouveau pour le quotidien cathodique de l’époque. Le 5 octobre 1969, la BBC diffusait une émission au titre aussi absurde que débridé, Monty Python’s Flying Circus. Lors de leurs premières interviews, on demanda souvent aux six membres de la troupe qui parmi eux pouvait bien être ce « Monty ». Or le nom, tout comme le contenu de l’émission, n’était qu’une libre association dénuée de sens. Le principe de la série était de donner l’impression de ne pas avoir de principes, même ci ce format d’à peine une trentaine de minutes devait se conformer à quelques règles.Monty Python’s Flying Circus innovait comme jamais en mélangeant sketchs, courtes séquences filmées et parodies de quiz ou des talkshows.

And now for something completely different : c’est avec ces mots que John Cleese, sagement assis derrière son bureau, annonçait le sketch ou la séquence filmée à venir dans Monty Python’s Flying Circus. Un gimmick de génie que de passer du coq à l’âne grâce aux annonces de Cleese ou aux cartoons hilarants de Terry Gilliam. Bientôt, on ne parle plus que d’eux en disant les Pythons. Entre John Cleese l’égocentrique, le conciliant Michael Palin, l’impulsif Terry Jones, l’excentrique Eric Idle, Graham Chapman le charmeur fantaisiste et Terry Gilliam, toujours prêt à en découdre, le groupe réunit six individualistes, qui entre eux, étaient tout sauf des enfants de chœur. Ils se connaissaient de leurs études à Oxford ou à Cambridge et avaient déjà travaillé dans d’autres productions à la télévision. Avant tout, ils étaient concurrents, et allaient le rester. John Cleese résumera plus tard leur état d’esprit qui consistait à souhaiter toute la réussite possible aux l’autre, du moment qu’ils ne vous font pas d’ombre...

La renommée dont bénéficie de nos jours l’humour anglais dans le monde entier est en grande partie redevable aux Monty Pythons. A la fin des années 60, interrompre un sketch avec la précision laconique qu’il est vraiment trop stupide était un geste révolutionnaire. Les Monty Pythons n’ont cessé de déjouer les attentes d’un public pour qui une blague est composée d’une exposition et d’une chute. A la place, un sketch pouvait très bien tenir en 44 variétés de fromages différents. Les Pythons faisaient fi des tabous, même la famille royale était la cible de leur dérision. Ils appartenaient à une génération, qui, après la Seconde Guerre mondiale, avait du mal avec l’autorité sous toutes ses formes et ne manquait pas de la brocarder sans retenue. L’humour des Pythons trouve ses racines dans une certaine forme de divertissement radiophonique. Il doit aussi beaucoup à la culture de ses membres :Flying Circusmontre ainsi que l’on peut chanter Proust en canon ou interpréter Emily Brontë avec des drapeaux de signalisation. Les Monty Pythons pratiquent un humour élitiste à double sens, bêtement absurde, volontiers potache avec de grandes ficelles, mais jamais mainstream...

Lorsque la télévision allemande diffusa en 1972 un épisode de Monty Python’s Flying Circus, les téléspectateurs réagirent de manière plutôt épidermique. Alfred Biolek, une légende de l’audiovisuel outre-Rhin avait fait venir la troupe en Allemagne. Mais le pays de Goethe et Schiller n’était pas encore mûr pour les Monty Pythons... En Angleterre,Flying Circus fut diffusé de 1969 à 1974, soit 45 numéros en tout. La première incursion au cinéma des Monty Pythons date de 1974, avec Monty Python : Sacré Graal, une parodie des légendes arthuriennes. Une quête d’ailleurs mouvementée car le premier jour du tournage, la caméra tombe en panne, tandis que Terry Jones et Terry Gilliam se disputent le titre réalisateur. Quant à Chapman, qui jouait le rôle d’Arthur, il était en phase de sevrage alcoolique...L’argent provenait de groupes de rock comme Led Zeppelin ou Pink Floyd, pas de quoi rassembler un budget royal pour autant. Et comme il n’y avait pas assez d’argent pour se procurer des chevaux, on décida d’entrechoquer des moitiés de noix de coco. Le génie de l’improvisation était à l’œuvre pour l’un des gags les plus réussis du film. Place en 1980 à Monty Python : La vie de Brian, à ce jour le meilleur film de la bande, avec sa célèbre scène finale et son chœur des crucifiés. Le film ne s’en prend pas à Dieu, Jésus ou la religion mais aux faux prophètes et aux soumissions aveugles. « Monty Python : Le sens de la vie » sort en 1983. Un film à épisodes souvent de mauvais goût qui traite du sens... ou du non sens de la vie. Après, les Monty Pythons firent tous une carrière en solo.

L’aventure Monty Python s’achève définitivement avec la mort de Chapman, la veille du vingtième anniversaire de leurs débuts à la télévision, soit le 4 octobre 1989. Lors des commémorations officielles, les cinq survivants apparurent avec les cendres de leur comparse dans une urne.

En 2009, quatre des cinq Pythons encore en vie étaient présents sur la scène du Royal Albert Hall. L’occasion de reprendre le tube Always Look on the Bright Side of Life, où il est dit avec beaucoup d’ironie que les producteurs de Brian ne rentreront jamais dans leurs frais : Bernie, I said, they’ll never make their money back. Précisons que « Bernie » n’était autre que Lord Bernard Delfont. Quelques années après la sortie du film, il s’est retrouvé dans le même avion que George Harrison. Le guitariste n’a pu s’empêcher de faire parvenir un petit mot de remerciement à « Bernie ». Là encore, Lord Delfont était « not amused ».

(Pour ARTE MAGAZINE : Volker Bleeck, auteur de "Kommen wir nun zu etwas etwas völlig anderem – 40 Jahre MONTY PYTHON")

Terry Jones vient d’annoncer le retour des Monty Python sur les écrans avec le tournage d’une parodie de film de science-fiction : Absolutely Anything (Absolument n’importe quoi) ; Les extra-terrestres qu’incarneront les Monty Python captureront un terrien pour lui donner le pouvoir de faire « absolument n’importe quoi ».Ce film réunira John Cleese, Michael Palin et Terry Gilliam, sous la direction de Terry Jones. Eric Idle reste encore à convaincre. Seul à manquer à l’appel, Graham Chapman, décédé en 1989.Le tournage doit commencer dans les prochains mois en Grande-Bretagne.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane SCOLERI

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