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VENDREDI 01 JUILLET 2016 : MA LOUTE

20h30 Cinéma Mercury - 16 place Garibaldi - Nice
Publié le mardi 5 juillet 2016.


Film de Bruno Dumont

France - 2016 - 2h02

Eté 1910, Baie de la Slack dans le Nord de la France. De mystérieuses disparitions mettent en émoi la région. L’improbable inspecteur Machin et son sagace Malfoy (mal)mènent l’enquête. Ils se retrouvent bien malgré eux, au cœur d’une étrange et dévorante histoire d’amour entre Ma Loute, fils ainé d’une famille de pêcheurs aux mœurs bien particulières et Billie de la famille Van Peteghem, riches bourgeois lillois décadents.

Bruno Dumont explique avoir toujours voulu réaliser un film comique mais sans jamais trouver la bonne idée... Jusqu’à ce que Arte lui propose de réaliser la série P’tit Quinquin sur laquelle il avait carte blanche. Le succès fut au rendez-vous ce qui a poussé le metteur en scène à renouveler la chose sur grand écran. "Je voulais que Ma Loute soit cinématographique et profondément drôle. Aussi je m’éloigne plus visiblement de ce soi-disant naturalisme que l’on m’a prêté malgré moi depuis mes débuts." Dans un communiqué d’Arte, le réalisateur avait déclaré au sujet de ce nouveau film que "la force et le burlesque empoignent un drame, le portant aux confins du réel, à la cocasserie et son miroir déformant de nous-mêmes."

C’est en cherchant un sujet de comédie qui se déroulerait sur la Côte d’Opale, une région qu’il connait bien puisqu’il y vit, que Bruno Dumont est tombé sur des cartes postales anciennes montrant les Passeurs de la baie de la Slack (ces gens du pays qui faisaient traverser les bourgeois d’une rive à l’autre au début du 20e siècle). Cette découverte constitue le point de départ du film comme il en témoigne : "Quand j’ai commencé le scénario, j’ai relié ces cartes postales entre elles. A la différence de P’tit Quinquin où j’écrivais sans savoir si manifestement ce serait drôle, j’avais désormais conscience de ce que je faisais, du pouvoir comique des situations que j’imaginais. La comédie suppose une machinerie, un mécanisme d’efficacité immédiate, elle est moins incantatoire et différée que le drame et donc plus difficile à créer."

L’histoire se déroule au cours de l’été 1910. Pour la première fois, Bruno Dumont a dû recréer un paysage qui avait disparu ce qui a été rendu possible grâce aux cartes postales d’époque de la baie de la Slack. Le réalisateur se souvient : "L’histoire dérapant très vite, je voulais un décor qui incarne cette folie. Je me suis souvenu du Typhonium à Wissant, une maison de style néo-égyptien construite à la fin du 19e siècle, ce que l’on appelait aussi une « folie » dans le Nord Pas-de-Calais. J’ai écrit le scénario avec cette demeure en tête. Les propriétaires étaient réticents à accueillir un tournage, ils ont d’abord refusé avant d’accepter un an plus tard. Nous avons filmé les extérieurs au Typhonium et les intérieurs dans une autre maison toute aussi fantaisiste imaginée par des anglais dans un style Tudor. La composition finale des décors est ainsi proprement imaginaire, non sans être adaptée du réel."

La première référence de Bruno Dumont était Max Linder pour son sens du comique français aux allures bourgeoises, un peu guindé. Il y avait aussi Laurel et Hardy pour leur dynamique corporelle de culbutes, de chutes et de glissades, qui se retrouve chez le duo que forment l’inspecteur Machin et son adjoint.

Fabrice Luchini est le premier acteur auquel Bruno Dumont a pensé pour le rôle d’André Van Peteghem. Lorsque le metteur en scène a rencontré l’acteur, il lui a expliqué que le cinéma qu’il faisait ne l’intéressait pas mais sa qualité d’acteur en revanche beaucoup. Le cinéaste développe : "Son métier consiste à composer autre chose que ce qu’il est dans la vie, je lui ai donc proposé d’être un autre. Il fallait le grimer et l’altérer physiquement. Je ne voulais pas que le spectateur puisse le reconnaître au premier coup d’oeil. Il a changé aussi sa manière de parler, il a forcé son accent. J’ai procédé de la même manière avec Juliette Binoche et Valeria Bruni Tedeschi. Ce qui m’intéressait, c’était de tous les contrarier et de révéler quelque chose en eux." Brandon Lavieville, qui interprète Ma Loute, a été découvert par Bruno Dumont sur place dans le nord. Le réalisateur avait déjà engagé le père de l’adolescent pour jouer le chef de la famille Brufort lorsqu’il l’a choisi. Pour trouver l’interprète de Billie, Dumont a cherché à Paris et dans le Nord. Il a rencontré des transsexuels, de vrais androgynes, est allé au contact d’associations LGBT... Au bout de sept mois de recherches, le cinéaste a finalement rencontré Raph qui correspondait au rôle. Bruno Dumont retrouve la comédienne Juliette Binoche qu’il avait dirigée dans Camille Claudel, 1915 sorti en 2013. Elle y tenait le rôle-titre. Le metteur en scène et l’actrice font également à nouveau équipe avec Jean-Luc Vincent qui avait aussi joué dans Camille Claudel, 1915. Comme il en a l’habitude depuis ses débuts, Bruno Dumont a également engagé pour le film des comédiens locaux non-professionnels. "Je n’aime pas opposer acteurs professionnels et non professionnels, la question du statut ne m’intéresse pas. Tous les acteurs composent, chacun à leur niveau : quand je choisis Emmanuel Schotté pour jouer le lieutenant de police dans L’humanité, il n’est pas flic dans la vie, donc il joue un rôle, nous ne sommes pas dans un documentaire. Je fais le même travail avec tous les acteurs, mais certains rôles demandent un réglage plus compliqué et nécessitent des interprètes capables d’aller plus loin dans la nuance ou l’extravagance. En l’occurrence, j’avais besoin de virtuoses de la composition pour donner vie aux membres de la famille Van Peteghem. Ce sont des personnages très fabriqués et des acteurs « professionnels » y trouvent leur place naturelle", confie le metteur en scène.

Ma Loute est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2016. Bruno Dumont est un grand habitué du célèbre festival puisque La Vie de Jésus y avait reçu une Mention Spéciale Caméra d’or, L’Humanité le grand prix du jury ainsi qu’un double prix d’interprétation, Flandres le Grand Prix du Jury, Hors Satan y était sélectionné dans la section Un certain regard et P’tit Quinquin à la Quinzaine des réalisateurs. En 2008, le cinéaste était même président du jury Caméra d’or.


Présentation du film et animation du débat avec le public : Josiane Scoleri

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